Image

  Lucina corbarica en position de vie (à sa droite on remarque une section longitudinale)

Image

  Pattalophyllia, madréporaire solitaire , en position de vie

Image

  Marne à Nummulites
 

Image

  Calcaire à Nummulites montrant une belle section du fossile 
 

Image

  Fruit de Nipa

Image

  Terrier dans calcaire gréseux

Image

  Calcaire à Alvéolines

Image

  Turitelles des Marnes supérieures
 

Localisation du site

Pour s'y rendre :

Accès
De la D611 en provenance de Thézan prendre la direction de St Laurent de la Cabrerisse pendant environ 2 km. On s'engage alors à gauche sur la D106 en direction de Coustouge. Si on vient de Portels des Corbières prendre sur la D611 la direction de Durban.Au lieu dit Ripaud prendre la direction de Montplaisir puis s'engager sur la D123 en direction de Fonjontcouse.
A Fontjoncouse, prendre la direction de Coustouge sur la D323. Prendre ensuite la direction de Jonquière.
Laisser la voiture 500 m après la sortie du village sur la D323 peu avant la borne 0.4.

Sécurité
Attention à ..

Toute la coupe se fait le long de la route. La route n'est pas très passante mais certaines courbes sont sans visibilité.

Autres remarques :

Sur la carte ci-dessous, ont été reportés les bornes hectométriques dont certaines renvoient à des sites d'intérêt développés dans l'onglet "Pour comprendre".

Image

Activités envisageables

Objectif :

Les roches sédimentaires, de par leur composition chimique et minéralogique, de par leur contenu fossilifère, sont de véritables archives de l'histoire de la Terre et des fluctuations des conditions de dépôt. On peut alors montrer que de leur étude et leur succession dans une séquence sédimentaire peut découler la reconstitution du paléoeustatisme.

Matériel :

Carnet de notes, crayon et matériel à dessin, fiche de détermination des fossiles rencontrés sur la sortie, loupe à main, document sur l'écologie des fossiles et espèces actuelles apparentées (voir interprétation), flacon HCl.

Pistes d'exploitation pédagogique:

• Réalisation d'une coupe en remontant le long de la route de la borne 0,3 à la borne 1,3. Un repérage est possible grâce aux bornes hectométriques.
• Détermination de la nature des roches et du contenu fossilifère. (Se fait sur le terrain pour renseigner la coupe : il est impératif de se munir d'une clef de détermination des genres de microfossiles rencontrés et de loupes à main éventuellement)
• Reconstitution de paléoenvironnement et paléoécologie.
• Dressage d'un profil eustatique sur la base des renseignements de la coupe et de données écologiques relatives aux fossiles rencontrés.

Interprétation

La réalisation de la coupe de la borne 0.3 à 1.3 peut permettre de se rendre compte de l'étendue et de l'épaisseur des dépôts. En effet le cadre sédimentologique dans lequel on s'inscrit représente selon Jacques Rey et Jean Paul Bousquet une épaisseur de 250 m où alternent des dépôts terrigènes et carbonatés.
(Ils écrivent en 1981 que la coupe de Coustouge révèle essentiellement des environnements de prodelta, front de delta, barres côtières [...] chacun caractérisé par des caractères sédimentologiques et paléontologiques propres).
La coupe que l'on peut dresser en progressant le long de la route montre un pendage des strates sédimentaires (la carte géologique du secteur indique un pendage S.O 10°).

Avant la borne hectométrique 0.3, affleurent les marnes à Turitelles inférieures, gastéropodes dont les conditions de écologiques laissent entendre un milieu marin profond au front d'une zone d'apport détritique terrigène type Prodelta (Fig. 1).
(Ce gastéropode peut vivre jusqu'à 100 m mais selon les auteurs précités, compte tenu de leur association avec des madréporaires, la profondeur n'aurait pas excédée 50 m).

Image

Fig. 1 — Schéma explicatif d'un prodelta  

Dès la borne 0.4, dans la courbe d'un virage, à main gauche, une esplanade ayant servi d'ancienne décharge sauvage, permet d'accéder aux marnes à petites nummulites et à madréporaires solitaires (Pattalophyllia) ancienne sédimentation d'argile marine typique de formation de prodelta.
Les conditions écologiques de ces organismes et l'association Nummulites -Pattalophyllia, peut laisser penser que l'on entre dans le Prodelta supérieur entre 50 et 30 m de profondeur.
Le banc riche en Pattalophyllia est surmonté par un banc à Lucine (Pseudomiltha corbarica).
Ce lamellibranche fouisseur pouvant s'enfoncer profondément dans le sédiment caractérise la partie haute du prodelta.
En progressant sur la route, affleurent jusqu'aux environs de la borne 0.6 des calcaires gréseux et marnes à Nummulites plus ou moins grosses qui témoignent  de l'entrée dans le front de delta.
A la hauteur de la borne 0.6, il est possible d'observer un petit banc franchement gréseux pouvant contenir des moules internes de fruit de Nipa (Fig. 2)

Image

Image

Fig. 2 — Fruit de Nipa actuel

Ces fruits entrainés en mer et piégés dans les sédiments sableux des débouchés de chenaux de distribution au niveau du front de delta (3) permettent de conclure que nous nous situons sous faible tranche d'eau, pas très loin d'une lagune deltaique.
Actuellement les Nipa vivent les pieds dans l'eau saumâtre caractéristique des mangroves.

La présence des calcaires gréseux et marnes à Nummulites puis à Alveolina corbarica montrent une épaisseur d'eau qui n'excède pas 5 mètres rappelant la sédimentation typique de Baie de zone interdistributaire (Fig. 3).

Image

Fig. 3 — Composantes d'un delta  

A partir de la borne 1.3 on retrouve des Turritelles ; ceci témoigne d'une profondeur d'eau supérieure que l'on pourrait expliquer par une élévation du niveau marin.
Mais on retrouve au delà la tendance à la régression qui conduira à l'émersion (cf grès azoique à la borne 2.0) à la fin de l'Ilerdien supérieur.

En somme, l'établissement du transect le long de la route met en évidence une séquence régressive avec localement des oscillations du niveau marin probablement en lien avec la subsidence et la progradation du delta d'un fleuve alimenté par le détritisme issu des Paléo-Pyrénées plus au Sud.
La subsidence, vraisemblablement plus rapide au Sud, est un paramètre notable pouvant aussi expliquer la préservation des biotopes à grands foraminifères et mollusques (cf Guide géologique Pyrénées Orientales - Corbières) de Coustouge. Plus au Nord (Minervois) la sédimentation ilerdienne plus marine (calcaire) implique un très faible apport détritique en provenance du Massif Central.

Le profil ci-dessous résume la variation eustatique que l'on peut établir :

Image

Pour en savoir plus ...

• "PYRENEES ORIENTALES - CORBIERES", Guides Géologiques Régionaux, pp.124-127 - éd. MASSON, 1977
• "Observations préliminaires sur les paléoenvironnements de l'Ilerdien de Coustouge", J.REY et J.P. BOUSQUET in Géobios n°14, fasc.5 - Octobre 1981
• "Les deltas : sédimentologie et exploration pétrolière", George P. ALLEN et Fr. MERCIER in Bull. Soc. géol. France, 1987, t.III, n°7, pp.1247-1269.

Extrait de la carte géologique de CAPENDU (BRGM n°1060) 1985

Image

  Remarque : Les légendes ne sont données qu'à titre indicatif et ne sont pas exhaustives (se référer à la carte BRGM).
  Elles ne sont d'ailleurs que d'intérêt secondaire. L'intégralité de la coupe le long de la route départementale de Coustouge à Jonquières s'effectue dans l'Ilerdien moyen    (à Coustouge même) et surtout l'Ilerdien supérieur (e3d) et les molasses de Carcassonne (e4-6) à Jonquières même.