Cirque de Mourèze
Le cirque de Mourèze est site naturel d’une qualité exceptionnelle constitué par un chaos de rochers ruiniformes de calcaire dolomitique limité au Nord par la montagne de Liausson, donnant un aspect d'amphithéâtre naturel. Cette roche provient des dépôts sédimentaires laissés par la mer, il y a plus de 170 millions d’années au Jurassique moyen. Ce paysage fantasmagorique est l’œuvre de l’érosion qui continue inlassablement à ciseler et à sculpter ces roches rugueuses et massives qui se désagrègent assez facilement. Au pied des piliers, issues de l'érosion, on ramasse une sorte de sable fin appelé communément le "grésou". A la loupe, on constate de petits cristaux en forme rhomboèdres d'un minéral appelé "dolomite". Le cirque de Mourèze est un très bel exemple d'érosion karstique ruiniforme dans des calcaires dolomitiques.
Site classé par décret ministériel du 21/08/2003 (Vallée et lac du Salagou, du Cirque de Mourèze et abords)
Site inscrit par arrêté ministériel du 23/09/2003
Znieff de type 1 et 2 (FR910008316)
Natura 2000 (Le Salagou - FR9112002)
Opération Grand Site (2011)
=> localisation du siteCarte IGN au 1:25000 - Lodève/Bédarieux/Lac du Salagou (2643OT)
Carte géologique BRGM au 1:50000 de Lodève
Département : 34 Hérault Commune :Mourèze Lieu dit : Cirque de Mourèze | Réf. Carte I.G.N. 1/25000 2643 OT Lodève/ Bédarieux/ Lac du Salagou | Carte Géologique BRGM au 1/50000 Lodève 1982 | |
Repérage 1/25000 Coordonnées Lambert II étendu X : 1846,7 Y : 682 Z (altitude) :210 m Accès : A l'office du tourisme repérer les sentiers pédestres et suivre les balises jaunes. On peut suivre le sentier qui vous amène vers le parc des Courtinals et ensuite vers le cirque. On peut aussi aller dans le village de Mourèze, suivre le panneau "cirque" , laisser l'église à votre gauche et monter en suivant la rue commerçante de plus en plus étroite. Suivre le balisage jaune qui vous amène sur votre droite, vers un canyon très étroit. Vous rentrez dans le cirque. Les sentiers sont praticables sur le site. PS :Certains jeunes élèves auront envie d’escalader. Au printemps/été il peut faire très chaud !! (prévoir de l'eau) Stationnement :Très facile suivre "Parking" (payant en saison). Aire de pique-nique, endroits pour s'asseoir, toilette, poubelles. |
=> Itinéraire d'accès au site : Carte Michelin N° 83
Retrouvez la D 908 Bédarieux Clermont l'Hérault Venant de Clermont : Repérez à droite la petite route D8 E : accès autocar facile Venant de Bédarieux : Accès sur votre gauche par la D 148( sauf autocar) : Salasc ou plus loin par la D8 E direct sur Mourèze(autocar) Venant de Lodève : Accès voiture par Octon, puis Salasc Dans Salasc, dirigez vous sur la petite place et laissez la fontaine sur votre gauche. Accès autocar par Clermont puis D8E |
Activités envisageables
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES : A partir d’observations et de tests, reconstituer l’histoire de la dolomie et montrer qu’une érosion chimique différentielle transforme en surface le paysage.
ACTIVITES ELEVES :
Matériel: Extraits cartes topographique et géologique, clé de détermination des minéraux et des roches, marteau, flacon HCl , plaques d’acier et de verre.
Dans ce paysage ruiniforme et spectaculaire pour les élèves : Comment expliquer la formation de ce paysage ruiniforme ? Pourquoi un cirque ?
- Faire dégager la notion de roche stratifiée (quelque soit le relief) : lignes jaunes sur la photo
- Retrouver le principe de continuité et superposition.(ligne pointillée jaune)
- Conclure sur l’origine sédimentaire du lieu.
- Rechercher des fossiles(aucun) et faire remarquer l’omniprésence de "sable" sur le sol .
- Remarquer que la roche s’effrite très facilement, est rugueuse au toucher.
- Faire le test à HCl (négatif), à l’acier et au verre(ne sont pas rayés).
- Déterminer le nom de la roche : dolomie ou calcaire dolomitique. Au moins 50% de calcaire(CaCO3) et le reste de dolomite(Ca,Mg [CO3]2).
- Montrer que cette roche sédimentaire est fissurée (traits bleus). Ces diaclases recoupent les strates. Elles sont donc plus jeunes et se sont formées quand la roche était dure.
Petites diaclases alignées Dolomie « trouée » et sable dolomitique :le "grésou" Pins dans diaclases élargies
Photographies, textes et documents B. HALLEUX
Le cirque de Mourèze est souvent caractérisé par l’expression de « relief ruiniforme ». En effet, le cirque de Mourèze est né de l’érosion des dolomies massives du Jurassique moyen.
Ces roches rugueuses et massives se désagrègent assez facilement et au pied des piliers ou pinacles, on ramasse un sable fin appelé communément le « grésou ». Un examen à la loupe permet d’y observer de petits cristaux en forme de Rhomboédres d’un minéral appelé « dolomite ». Ce minéral est un carbonate double de calcium et de magnésium [(Ca,Mg)(CO3)2]qui provient de la substitution par un magnésium d’une partie du calcium contenu dans des sédiments ou des roches calcaires (CaCO3).
La transformation du carbonate de calcium en dolomite a pour conséquence que les coquilles ou les tests faits de calcite ou d’aragonite disparaissent du fait de l’entière cristallisation de la roche. Les dolomies ne contiennent donc pas de fossiles.
Comme toutes les roches sédimentaires, les dolomies sont affectées par de grandes fractures ou « diaclases », dont certaines traversent de bas en haut les grandes murailles de l’entrée du cirque. L’anarchie du relief n’est qu’apparente car le dédale de couloirs entre les colonnes et murailles est orienté par les diaclases et par quelques failles qui s’entrecroisent. Ces fractures ont donc guidé le travail de l’érosion, qui s’est déroulé suivant plusieurs modalités, gouvernées par les différents climats qui se sont succédé pendant le Pléistocène.
Les dolomies sont constituées d’un assemblage de dolomites soudée par un « ciment » de calcite.
La dissolution des dolomies par l’eau chargée de gaz carbonique dissout le « ciment » de calcite et pas la dolomite qui est assez peu soluble. Se forme alors, au pied des pinacles et des murailles, ce sable (le grésou) constitué des petits cristaux de dolomite.
L’intense fracturation des dolomies ainsi que leur porosité ont pu favoriser, surtout aux périodes les plus froides du pléistocène, leur fractionnement par l’eau devenant de la glace. Ce phénomène est appelé gélifraction. Lors des périodes de dégel, l’action des eaux courantes était considérable, induisant un fort ruissellement jusqu’à déblayer le cirque des débris de roches et des sables dolomitiques accumulés au pied des piliers. On peut observer, proche du cirque, des terrasses alluviales qui ont accumulé ses sédiments.
Ce relief ruiniforme est considéré comme un « lapié géant »
Texte issu (en grande partie) du livre "découverte Géologique : les plus beaux sites de l'Hérault " J.C. Bousquet / Les Ecologistes de L'Euzière et de Patrice Cazes
Photographies : Patrice Cazes
Les « statues » du cirque
Ces dolomies ont certes été érodées par la nature mais certains érudits locaux ont évoqué le fait que la main de l’homme y soit pour quelque chose sur certains rochers aux formes plus que familières. De plus, la plupart des traces d’occupation de l’homme du néolithique furent découvertes prés de ces roches sculptées.
Parmi ces pierres : la Tête de mort et ses 7 mètres de haut, le Sphinx, les Fées, le Lion dressé, le Cèpe, Quasimodo, la Tortue, le Singe, les Amoureux, le Scorpion, le Bison, la Sirène, le Sourcier… On peut noter la présence d’un système de défense autour de certains rocs mais leurs fonctions ne sont pas bien définies par les archéologues. Il y avait des « rochers habitats » que les hommes préhistoriques utilisaient comme habitation et des rochers « totémiques » avec une symbolique particulière comme le symbole de la vie et de la mort avec les rochers de la Maternité, le Phallus et la Demoiselle. Le symbolisme de la femme et de la procréation était important à cette époque car la vie était courte, les maladies courantes et il fallait donner vie le plus possible afin de perpétuer la race. Les visiteurs peuvent laisser libre court à leur imagination pour retrouver ces statues de pierre dans le cirque ou bien en découvrir d’autres !
Le gardien
Le sphinx
Parc des Courtinals
Au néolithique, ce lieu était habité par les hommes préhistoriques. On y a trouvé plusieurs haches en silex, des pointes de flèches et des objets rares. Ils avaient de l’eau, des abris naturels et de quoi se nourrir. L’endroit était idéal pour s’installer. Autrefois, les bergers qui trouvaient des hachettes polies pensaient qu’elles étaient tombées du ciel et les prenaient pour des cadeaux venus des cieux. Ils les perforaient pour en faire des pendentifs ou bien s’en servaient pour faire des battants de cloches pour les troupeaux. De nombreux autres vestiges furent retrouvés dans et autour du cirque, comme des pierres figures où l’on peut distinguer des têtes d’hommes ou d’animaux. Les hautes parois des Courtinals forment des enceintes naturelles. Entre les rocs, des ruelles, des impasses, des raidillons transformés en gradins mènent à des murailles aménagées en tours naturelles et en remparts. Au dessus du pont de bloc (à l’entrée du parc) se trouvait la plate forme formant la citadelle. Les rocs sculptés avaient un but défensif, faire peur aux ennemis. Il y avait plusieurs endroits avec des guetteurs. Les fortifications de cette « ville » étaient en fait naturelles et l’homme s’y est adapté pour vivre. Les romains y avaient établi un fort de garnison afin de surveiller la voie romaine.
Un roc du parc des courtinals
La faune et de la flore
La vallée du Salagou et le cirque de Mourèze sont classés Natura 2000. Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques.
La mosaïque de paysages compte une grande diversité d’habitats accueillant un grand nombre d’espèces végétales et animales, dont 21 espèces d’oiseaux protégés au niveau européen : le Grand Duc d’Europe, l’Aigle de Bonelli, le faucon Crécerelle, le Bruant Ortolan, la Fauvette Pitchou… On peut y découvrir d’autres espèces animales plus communes comme le Lézard ocellé, la Couleuvre de Montpellier, la Rainette Méridionale, le Hibou petit duc scops, la Huppe fasciée…
Cet espace naturel est typique des milieux très secs. Ce sont les sols quasiment nus de végétation, au contact direct du soleil et de la lumière, qui génèrent toute la richesse de la biodiversité méditerranéenne. Aujourd’hui, du fait de la déprise agricole et de la multiplication des pins d’Alep, ces milieux typiques se ferment, se recouvrent de broussailles et de végétation, et perdent leurs spécificités en banalisant les paysages emblématiques du Grand Site. Quelques espèces végétales à observer : les chênes pubescents, verts et kermès, l’érable de Montpellier, le micocoulier, l’arbousier, le laurier tin, le buis, le cyprès, le genévrier, le chardon, le thym et le romarin.
On peut également apercevoir du genêt d’Espagne avec ses belles fleurs jaunes odorantes. Autrefois, on se servait de cette plante pour tisser une toile très solide dans laquelle étaient taillés les draps, les torchons et les nappes.
À la fin du pastoralisme, au milieu du siècle dernier, la nature a repris ses droits dans le cirque qui d’un paysage lunaire d’avant guerre est passé à un paysage de garrigue méditerranéenne. De très nombreuses espèces végétales et animales, dont certaines rares et protégées, vivent dans le cirque et ses environs. Des paysages de garrigue quasi-désertiques, petits bois de chênes verts et kermès, pins maritimes invasifs… et des paysages multiples aux milles senteurs sont à découvrir lors de balades ensoleillées dans le cirque ou bien plus ombragées sur les flancs du Mont Liausson.
Il est interdit de ramasser ou de couper des végétaux sur le site.
Faune et flore. Montage Philippe Martin extrait du guide "À la découverte du Clermontais : Mourèze et son Cirque"
Texte extrait du guide "À la découverte du Clermontais : Mourèze et son Cirque"
Photographie : Patrice Cazes
Les dolomies du Jurassique moyen constituent un excellent réservoir aquifère lorsque les pluies tombent sur le secteur du cirque de Mourèze. Ce réservoir alimente plusieurs petites sources et se trouve exploités par des forages (pour alimenter le village de Mourèze) et par des puits comme le puits de la Fontaine de l’Ange sur la place du village qui a un débit de 20 m3/h.
Fontaine de l’Ange faite en marbre rouge du Pic de Vissou dite « à griottes »
- Derrière le village, proche du parking, une source est à l’origine d’une rivière, la Dourbie, qui s’écoule en aval, à l’est de Mourèze, jusqu’à Villeneuvette et le hameau de Belle Fontaine. Cette rivière, qui coule même en été, offre un cadre frais et bucolique étonnant même en période de sécheresse. Autrefois elle coulait plus abondamment et son courant puissant lui permettait d’alimenter une quinzaine de moulins (à blé, à foulon) dès le haut Moyen Age et par la suite la manufacture de Villeneuvette au XVII°. Elle constitue aujourd’hui un corridor aquatique et rivulaire essentiel à l’écologie et la biodiversité locale.
La Dourbie sur un circuit pédestre proche de la manufacture royale de Villeneuvette.
En se déplaçant à l’ouest de Mourèze jusqu’à Salasc, on peut mettre en évidence l’influence de cet aquifère dolomitique, en observant de nombreuses fontaines et sources très actives dans une région où l’eau est rare notamment en été. Cette eau provient de la mise en contact, par une faille, au nord de cet aquifère dolomitique, des ruffes imperméables du bassin permien de Lodève. Les eaux débordent au point le plus bas de ce contact donnant les sources alimentant le village de Salasc.
Géologie des environs de Salasc (document extrait du livre « les plus beaux sites de l’Hérault » de JC Bousquet
Enfin, au nord du Mont Liausson, cet aquifère est aussi à l'origine des sources au voisinage du village de Liausson situé sur les ruffes permienne du Salagou.
- Ainsi, le cirque de Mourèze, et donc cet ensemble dolomitique, est un élément essentiel dans la compréhension de l'hydrogéologie locale et dans sa prise en compte pour un développement durable de la ressource en eau localement.