Batère - Las Indis

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CE SITE EST UNE ANCIENNE EXPLOITATION MINIERE : SOYEZ PRUDENT !

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Les principaux gîtes exploités s'étendent entre les altitudes 1270 et 1670 m et s'étendent sur une distance de 4 km de part et d'autre du Pic St Pierre (1791 m).

Randonner dans le secteur de cet ancien site minier n'est pas sans risque : de nombreux affaissements de terrain peuvent être  cachés par les hautes herbes (attention aux foulures et entorses - voire fractures) mais plus encore certaines zones témoignent de la présence d'anciens puits d'aération des galeries dont l'ouverture au sol est protégée par un grillage barbelé rudimentaire et parfois ancien.

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Puits d'aération

CE SITE EST FRAGILE : PRESERVEZ-LE !

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Exploités depuis le 19ème siècle et jusqu'en 1994, les amas de sidérites (FeCO3) constituent l'essentiel du minerai exploité de Batère. Les parties à l'affleurement des gîtes ont donné d'autres minerais exploités tel que l'hématite (Fe2O3).


Elévation
14.00




Localisation
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  Panorama du gîte de Las Indis
    On y perçoit les effondrements post-exploitation

 

 

 

 

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   Minéralisation dans les ankérites fracturées (dolomies ferrifères)

 

 

 

 

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   Placage d'oligiste
 

 

 

 

 

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   Stromatolite (encaissant dolomitique des gîtes à fer).

   C'est l'unité carbonatée de la série de Canaveilles constituant  l'assise de la formation minéralisée de Las Indis

    (Age du fossile : ordovicien ?)

 

 


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   Hématite mamelonnée

   ( 20% du minerai exploité était sous cette forme)


 

Localisation du site 

Département : Pyrénées-Orientales
Commune : CORSAVY
Lieu dit : D43 - Refuge de Batère)

Echelle Carte I.G.N. 1/50000 ou 1/25000

Carte Géologique 1/80000 
Prades (n°257 - 2ème édition) 

ou 

Céret 1/50 000 (non publiée mais en ligne sur infoterre)

 

Pour s'y rendre :

Accès 
Depuis Arles-sur-Tech, gagner la sortie du village en direction de Prats-de-Mollo. 100m avant la sortie du Village et après avoir franchi le Riu Ferrer, quitter la D115 en direction de Corsavy. Continuer une vingtaine de kilomètres sur la D43 jusqu'au refuge de Batère.
Au refuge, pousuivre près de 300 m jusqu'à l'entrée de la piste (ancien chemin d'exploitation), départ du GR10. Après la bergerie en ruine, le sentier serpente à la hauteur des haldes d'El Pou, dont on percevra la sortie de galerie sellée par une porte en fer. En s'élevant en direction du col de la Cirère, sur le flanc sud du Puig Saint Pierre, on gagnera le gîte minier de Las Indis (coordonnées Lambert II étendu X : 198.147 Y : 1734.839)

 

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Sécurité
Attention à ..

La D43 est sinueuse et étroite. Il convient de prendre les précautions qui s'imposent. Le secteur étant un ancien site minier, il convient de prendre garde aux zones d'effondrement et aux puits d'aération des galeries. Certains ont leur bouche cachée par la végétation et sont mal signalés, notamment sur le flanc du Puig de l'Estelle, secteur de Boca Negra

 

Autres remarques

L'alpe du col de la Cirère est fréquenté par de nombreux troupeaux de moutons, chevaux... . Les premiers sont souvent accompagnés de patous pouvant être agressifs. 

Activités envisageables

 

Objectif :

La mise à l'affleurement des ankérites, dans lesquelles se sont effectuées anciennement les minéralisations exploitables, s'inscrivant dans le contexte d’une tectonique locale et régionale en extension en lien avec l’ouverture de la Méditerranée, il convient d'associer à la sortie de terrain, une série de données documentaires permettant de faire le lien avec ce contexte.

 

Matériel :

Carnet de notes, appareil photo numérique (en vue d'un compte rendu numérique), carte géologique ou fichier kmz équivalent, tablet Pc, gps, flacon HCl, clou, ongle...

Documents d'appoints permettant d'établir les raisons de la minéralisation tardi-hercynienne et le contexte relativement récent (cf ouverture de la Méditerranée) de la mise à l'affleurement (-20 Ma). (voir interprétation)

Pistes d'exploitation pédagogique :

Réalisation d'un schéma structural de la zone étudiée.

Détermination de la nature des roches.

Recherche de différentes formes de minéralisation (oligiste/hématite)

Arriver sur le terrain dans une optique de démarche d'investigation (tâche complexe) avec comme objectif de discuter la validation d'hypothèses concernant :

  • la nature de la roche dans laquelle se trouve la minéralisation,
  • la nature de la roche constituant le mur et le toit des dolomies ferrifères (reconnaissance des caractéristiques des roches métamorphiques - gneiss et micaschistes),
  • la modalité de génèse du gisement (type MVT ? - voir rubrique interprétation),
  • le contexte géodynamique de la mise à l'affleurement des gîtes métallifères.

Un travail en groupe de quatre par atelier, avec restitution des découvertes permettrait la confrontation d'arguments en vue d'une période de mise en commun de 20 minutes sur le site lui-même.

Dans ce cadre de travail collaboratif et avec les ordinateurs région 'LoRdi' de nouvelle génération, en fonction" tablette" ou avec les téléphones portables des élèves on peut prévoir de quoi alimenter un padlet au retour en classe.

Interprétation

Les amas de sidérites qui constituent l'essentiel du minerai exploité de Batère, se trouvent intercalés dans les micaschistes, composante majeure de la série de Canaveilles. Ils caractérisent les assises carbonatées de la série et sont encaissés dans la dolomie (secteur de Las Indis - El Pou - Roques Negres - Aigues Blanques) tandis que les niveaux sont davantage calcaires dans le secteur de La pinouse - St Michel (Fig.1). Même si ailleurs dans le secteur minier, sa puissance varie de 5 à 60 m à cause d'intercalation de micaschistes, il existe un niveau repère intéressant dans le secteur de Las Indis qui constitue le toit des dolomies exploitées ; il s'agit du niveau de gneiss "granulés". Ces gneiss doivent leur nom à de petits cristaux de feldspaths oligoclase de 2 à 5 mm de, forme oblongue disposés dans des lits quartzo-feldspathiques et moulés par les micas (biotites et muscovites).

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Fig. 1 — Colonnes stratigraphiques schématiques  

 

 

 

 

 

Entre le col de la Cirère et Aigues Blanques, un niveau de cornéenne d'une puissance pouvant atteindre 50 m à Roques Nègres sépare la formation dolomitique exploitée à Las Indis en dolomie supérieure et inférieure. Les dolomies supérieures étant les plus puissantes. D'une façon générale, le caractère lenticulaire des niveaux carbonatés présente une morphologie récifale et G.GUITARD a signalé la présence de stromatolithes responsables d'encroûtements columnaires. De telles édifications récifales ont été relevées en plusieurs endroits. (Fig.2)

 

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Fig. 2 — Formation columnaire d'origine stromatolitique

 

 

 

 

 

En dehors des oxydes de fer primaires fréquents (oligiste et magnétite) mais peu abondants, les concentrations anormales de fer, amas ou indices, se répartissent selon Ph. CHEVALIER dans quatre types de roches :

  •  les dolomies ankéritiques
  •  la sidérite et l'ankérite spathique
  •  les sidérites fines
  •  les micaschistes à chlorite ferrifère (= les "chloritites")

 

Toutefois, seules les ankérites — Ca(Fe,Mg,Mn)(CO3) — et les sidérites constituent le minerai exploitable.

 

Les ankérites dans lesquelles se sont effectuées les minéralisations exploitables apportent des arguments tangibles d'une circulation de fluides hydratés et carboniques, produits par les réactions de déshydratation et de décarbonatation de l’encaissant métasédimentaire (série de canaveilles), à la suite de l'intrusion granitique dont la cristallisation du magma avait initialement libéré une phase fluide riche en eau. Cette forme de circulation hydrothermale, favorisé notamment par les failles principales du secteur, a occasionné l'enrichissement métallique (métasomatose). Les relations géométriques entre les amas de sidérite et les ankérites a conduit G. GUITARD à proposer en quelque sorte que les amas de sidérite ont constitué une deuxième source de fer à partir de laquelle la circulation des fluides minéralisants a pu progresser dans la dolomie encaissante qui s'est ankéritisée. Cette progression du front de minéralisation dans la dolomie encaissante s'est accompagné d'un phénomène de dissolution qui a provoqué la bréchification de l'ankérite et par là, la transformation de celle-ci en sidérite spathique à élément bréchique (Fig.3). Les liaisons spatiales entre ces roches traduisent bien une zonation sidérite-ankérite-dolomie. Ceci a donc contribué à l'augmentation du volume des amas de sidérite à Batère.

 

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            Fig. 3 — Relation sidérite-ankérite

 

 

 

 

 

 

 

La genèse des gisements de fer de Batère a fait l'objet de publications (notamment J.-P.FORTUNE & D.SOUBIAS,1972 et G.GUITARD 1970-1973) divergentes. Toutefois, sur de nombreux points tels l'existence d'une ancienne plateforme carbonatée (série de Canaveilles) avec des formations columnaires stromatolithiques, d'un contexte tectonique favorable à la circulation de fluides hydrothermaux minéralisants (intrusion granitique proche, failles...), les formations de sidérite de Batère pourraient rappeler certaines caractéristiques des gisements métalifères MVT ("Mississipi Valley Type") (Fig.4).

 

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Fig. 4 — Contexte necessaire à un gisement métalifère MVT

 

 

 

La mise à l'affleurement des amas de sidérite de Batère à plus de 1500 mètres pourrait reposer sur l'histoire géologique post-hercynienne du Massif du Canigou. Des études récentes (cf Thèse de doctorat 2003) basées notamment sur l'analyse des traces de fission sur apatite (technique de datation des phénomènes de basse température, tel que le franchissement d'isotherme) dans une petite dizaine d'échantillons de gneiss ont permis de modéliser le trajet des échantillons de roches entre les températures 110°C et 60°C au cours du temps (Fig.5).

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Fig. 5 — Ages centraux traces de fission sur apatite et

âges(U-Th)/He sur apatite en fonction de l'altitude de l'échantillon

 

 

 

 

 

 

Il apparaît clairement que les résultats des dernières mesures de traces de fission sur apatite rapportés par O.MAUREL présentent une bonne corrélation (âge-altitude) et corroborent des données antérieures (SERE 1995 et MORRIS 1998). Ceci permet de déduire un taux d'exhumation entre 28 et 21 Ma de près de 0,3 mm/an, trop rapide pour qu'il ne soit le fait que de la seule érosion, validant ainsi le rôle d'une tectonique extensive dans laquelle la faille de la Têt jouera de façon significative. Ainsi l'actuelle altitude du Canigou (2784 m) est l'héritage de l'exhumation tardive de la zone orientale des Pyrénées qui débute vers 28 Ma et s'achève vers 18 Ma en écho avec l'ouverture de la Méditerranée occidentale. De 21Ma jusqu'à l'actuel, le taux d'exhumation précédemment déduit n'est toutefois plus compatible avec le relief actuel du massif. Ledit relief impose un très net ralentissement de l'exhumation, avec un arrêt de l'activité de la faille de la Têt. Ceci est en lien étroit avec la fin de la formation du bassin occidental de la Méditerranée et l'arrêt de la rotation du bloc Corso-Sarde à la fin du Burdigalien (-18Ma).

Dans ce contexte, l'on peut voir les formations de Batère et les ressources locales qu'elles ont constituées jusque dans les années 1994, comme une conséquence de toute une histoire géologique régionale, illustrant le fait que ses conditions d’existence peuvent être décrites en utilisant le cadre général de la tectonique des plaques.

Pour en savoir plus ...

  • "Le gisement de sidérite de Batère (Pyrénées Orientales)"- Ph. CHEVALIER - Bull.BRGM pp 385-406 (2),II,5-1975
  • "L’exhumation de la Zone Axiale des Pyrénées orientales : Une approche thermo-chronologique multi-méthodes du rôle des failles" - O.MAUREL - Thèse de doctorat (2003), Université Montpellier II.
  • Pour les gisements métallifères de type MVT : " Ressources minérales -Nature, origine et exploitation" - ARNDT Nicholas & GANINO Clément - éd. DUNOD, coll. SciencesSup 2010, pp 105-108
  • "Mississippi Valley-type lead-zinc deposits" - Paradis S., Hannigan P., and Dewing K., ed. Geological Association of Canada, Special Publication No. 5, 2007

    Compléments

     

    Extrait de la carte géologique 1/80 000 de Prades (n°BRGM 257) deuxième édition

     

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    Remarque : Pour tout complément, il convient de se reporter à la légende de la carte de Prades et à sa notice.

     

     

     

     

     

    Un peu d'histoire minière :

    Le site de Batère appartient à un ensemble de concessions minières. Avec la concession de La Pinouse (versant nord du Puig Saint Pierre), les gîtes de Batère - Las Indis (versant sud) figurent parmi les plus connus de la Ceinture de Fer du Canigou.

     

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    Carte géologique du secteur minier de Batère - Las Indis

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur le versant nord de la Tour de Batère, à la hauteur du village de Saint - Marsal, sur les terres du Mas de l'Oratori, affleurent des vestiges d'un ancien four romain et ses scories de grillage. Ceci témoigne de l'ancrage antique de l'exploitation du fer dans les Pyrénées Orientales.

    Plus près de nous, des documents anciens font état de l'attribution de la concession de La Pinouse à monsieur Pons en 1844. Dans sa monographie de la mine de Batère, Madame PATOT Jackie, enseignante au CES Jules Ferry à Narbonne, rapporte que dans le cas de la concession de Batère, celle-ci fut acquise par ̀ M. Monin le 17 mars 1897qui s'associera par la suite à la Société Commentry-Fourchambeau-Decazeville. Entre 1897 et 1900 dix autres concessions attenantes y seront réunies pour un total de 420 hectares. En 1924, devenue seule propriétaire, la Société Commentry-Fourchambeau-Decazeville créera une filliale pour en superviser l'exploitation la « Société Anonyme de Batère ». En 1931, cette dernière absorbera la concession de La Pinouse qui périclitait et dont l'exploitation venait de cesser. La seconde guerre mondiale, rendra cruciale l'exploitation du fer dans les Pyrénées et conduira à une remise en état des gîtes dont l'exploitation avait cessé. C'est dans ce contexte que sera à nouveau remise en chantier la concession de La Pinouse et les travaux engagés, conduiront à réunir en sous-terrain ce gîte à ceux de Batère. Ceci aura l'avantage d'écouler plus facilement le minerai par l'intermédiaire d'une galerie - le travers-banc (TB) - sur le versant sud et, via un transporteur aérien dont il reste des vestiges, vers la forge de Corsavy puis Arles-sur-Tech. L'arrêt définitif des mines en 1987 pour des raisons de coût d'exploitation et ce en dépit de la bonne qualité du minerai constituera un choc économique, social et culturel dans le Haut-Vallespir. Les stocks de minerais continueront à être évacués jusqu'en 1994.

     

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    Coupe du site minier simplifié d'un document du BRGM

     

     

     

     

     

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    Fiche d'analyse du minerai de Batère

    (document BRGM)

     

     

     

     

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    Plan géologique du site minier

    (document BRGM)

     

     

     

     

     

     

    Pour la mémoire et la conservation du patrimoine minier du Haut-Vallespir :

    • toujours visible

     

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    Ancienne chargeuse sur pneus, abandonnée à la sortie (bien végétalisée) du TB 1167

    (Travers Banc 1167m)

     

     

     

     

     

             

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    Entrée de galerie TB 1270

     

     

     

     

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          Vestige du transporteur aérien mis en place après 1940

     

     

     

     

     

     

     

     

    Trémie de Boca Negra (dernier gîte exploité)

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      Silos sur la plateforme du collecteur principal d'Arles-sur-Tech

     

     

     

     

     

     

     

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    Collecteur principal - plateforme d' Arles-sur-Tech (recevait par wagonnet suspendu au transporteur aérien l'ensemble du minerai de Batère)

     

     

     

     

     

     

     

    • Disparu depuis janvier 2013 pour des raisons de sécurisation des ouvrages et du site

     

     

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       Anciennes trémies et four de grillage (19eme) au débouché de la galerie basse d'El Pou

       (TB 1470m) qui traitait le minerai des gîtes de Las Indis - Aigues Blanques - El Pou